Après des années passées à utiliser des notes pour évaluer le travail de mes élèves, j'ai décidé d'y renoncer.
Voici les principales raisons qui m'ont poussé à évoluer :
En préambule, je tiens à préciser que je suis convaincu que :
- Tout système d'évaluation (y compris avec des notes), s'il est intelligemment mis en place, est utilisable.
- Tout système (y compris sans notes) est perfectible.
"Avoir la moyenne" à 10/20 :
Mon choix de barème influait directement sur la note. Si je décidais, arbitrairement, de donner 5 points à un exercice, l'élève obtenait une certaine note. Si je ne donnais que 3 points à ce même exercice, l'élève avait une autre note, alors que son travail était le même. Il était assez facile de faire passer une note de 9 à 11 ou inversement (par exemple), en jouant uniquement sur le barème, changeant complètement le regard porté sur le travail, du fait de "la sacro-sainte" moyenne.
Si cela a peu d'importance pour les élèves ayant très bien réussi leur contrôle (obtenir 16 ou 18 reste très bien), ou ceux qui l'ont totalement manqué (avoir 2 ou 4 envoie le même message...), cela peut changer énormément pour ceux "entre 7 et 13".
Les notes donnaient une information trompeuse sur l'évolution du travail :
Par exemple, si durant une période je faisais travailler mes élèves sur :
1) Le calcul littéral ------> évaluation du travail d'un élève 09/20
2) Les statistiques ------> évaluation du travail d'un élève 11/20
3) Le théorème de Pythagore ------> évaluation du travail d'un élève 14/20
Les notes de cet élève donnaient l'impression d'une vraie progression en maths.
Or, si j'avais plutôt choisi cet ordre:
1) Le théorème de Pythagore ------> évaluation du travail d'un élève 14/20
2) Les statistiques ------> évaluation du travail d'un élève 11/20
3) Le calcul littéral ------> évaluation du travail d'un élève 09/20
On aurait alors eu l'impression d'un effondrement des résultats, alors que le travail a été strictement identique, seul l'ordre des apprentissages a changé.
Une "bonne" note cachait les manques :
Avec un 16/20 (par exemple), l'élève est en général content. Or, les 4 points manquants ont bien été perdus quelque part ! Il est difficile de faire comprendre qu'il y a encore des notions à travailler alors que la note obtenue est considérée comme bonne.
Une "mauvaise" note cachait les réussites :
Un élève qui obtient 07/20 (par exemple) a bien obtenu ses points quelque part. Il a donc maîtrisé certains savoir-faire. Or, cette note, considérée souvent comme mauvaise, empêche clairement la majorité des élèves de se rendre compte qu'ils savent faire des choses.
Une note "moyenne" devenait acceptable, presque satisfaisante :
Nombre d'élèves (pas tous bien sûr) se satisfont facilement d'un 12/20 par exemple. Or, ce 12 cache de nombreux savoir-faire non maîtrisés qu'il faut donc retravailler.
La moyenne des notes cachait les progrès :
Un élève qui a obtenu 06/20 sur une notion, qui la retravaille , et qui obtient lors d'un second contrôle 11/20 a réalisé de jolis progrès qui méritent d'être salués. Or, ces deux notes donnent une moyenne de 08,5/20. Dur dur de se motiver pour passer de 06 à 08,5.
La note permettait de se comparer aux autres :
Si on a obtenu une note de 13/20 et que "les autres ont eu encore moins" : est-ce une excuse pour être satisfait et ne pas voir ce qui reste à travailler ?
Si on a obtenu une note de 13/20 et que "les autres ont souvent eu plus" : est-ce une raison pour se dévaloriser ?
Pourquoi un même travail serait considéré comme satisfaisant si on est dans une "classe d'un niveau faible" et comme insuffisant si on est "dans une classe de bon niveau" ?
Je me sens plus à l'aise d'évaluer le travail d'un élève par rapport ce qu'il doit maîtriser lui-même
, et non par rapport à ce que ses camardes ont maîtrisé.